LA MAISON DES FEMMES

Le béton préfabriqué confère une touche féminine à un espace oublié à Bruxelles

 

Pour un terrain vague de la rue Josaphat, la Commune de Schaerbeek a mené une enquête auprès des habitants du quartier et leur a posé la question principale suivante : “De quoi ce quartier a-t-il besoin ?”. Le souhait de disposer d’un lieu de rencontre multiculturel pour les femmes s’est avéré très important. Grâce à leur projet solide, l’AM ZED/GIGOGNE architecten ont obtenu l’opportunité de redonner vie et couleur à cet endroit oublié.

 

Optimisation de l’espace

 

La Maison des Femmes à Schaerbeek est un résultat concret du contrat de quartier pour logements sociaux  « Lehon-Kessels » de la commune de Schaerbeek. Les quartiers de la Région de Bruxelles-Capitale sous contrat obtiennent les moyens nécessaires pour leur revalorisation, en collaboration avec les habitants. Le projet de la Maison des Femmes s’inscrit dans le cadre de la « Politique des grandes villes”, que le Gouvernement fédéral a lancé en 1999, afin de répondre aux problèmes spécifiques des grandes cités. A Bruxelles, ces problèmes sont surtout le chômage, l’exclusion sociale et la détérioration de la qualité de vie. La politique s’efforce de garantir à chacun un développement harmonieux, avec comme pilier essentiel, le respect du citoyen, indépendamment de son âge, de son origine ou de son sexe.

 

L’ensemble des exigences relatives aux différentes fonctions de la Maison des Femmes était donc à l’avenant. Sur un terrain relativement petit de Schaerbeek, les différentes associations de femmes impliquées dans le projet souhaitaient disposer chacune de leur espace. Il importait donc de rendre les espaces aussi multifonctionnels que possible. Outre un estaminet, des bureaux et un local de cours, l’espace polyvalent est devenu l’élément déterminant du bâtiment final. Tant au niveau de la construction que sur le plan esthétique, le béton préfabriqué joue un rôle essentiel dans ce bâtiment. Outre la façade remarquable en béton architectonique, tous les planchers sont aussi réalisés en éléments de béton précoulés. Les hourdis creux armés de la société Echo nv de Houthalen assurent les séparations horizontales.

 

Lors de notre visite de la Maison des Femmes, nous sommes d’abord passés par la salle polyvalente. De par sa fonction, cette pièce requiert une certaine hauteur, mais vu le niveau de la nappe phréatique et les fondations existantes, une salle située complètement en sous-sol ne s’est pas avérée une option réalisable. Bien que la pièce se trouve un demi-étage sous le niveau de la rue, vous n’avez pas du tout le sentiment de vous trouver dans une cave. Cette salle est utilisée pour des fêtes de quartier et divers cours. Juste derrière la façade avant, un large escalier en béton préfabriqué, de la société Verhelst NV d’Oudenburg, conduit le visiteur vers la salle en entresol. La grande ouverture de l’escalier attire beaucoup de lumière du jour vers le bas, tout comme les grandes fenêtres situées côté jardin de la grande salle polyvalente. 

 

Les murs intérieurs de la salle ont été exécutés en blocs de maçonnerie en béton. Outre leurs propriétés acoustiques, ces blocs ne nécessitent aucune finition. Mais pour souligner le caractère international de la Maison des Femmes, ils ont été peints en couleurs vives. 

 

L’estaminet se trouve au-dessus de la salle polyvalente, à un demi-niveau plus élevé que la rue donc. De ce fait, cet espace convivial offre un joli contact avec la rue et ses passants. Le niveau supérieur accueille plusieurs bureaux ainsi qu’une salle de cours, actuellement aménagée en local informatique. Ce plateau est véritablement suspendu afin d’entraîner la lumière du jour par une percée à travers tout le bâtiment.

 

Puzzle

 

Pour les logements sociaux situés aux trois étages supérieurs, l’AM ZED/GIGOGNE architecten ont également veillé à obtenir la même qualité spatiale. La circulation du bâtiment permet d’organiser parfaitement les parties publiques et privées. Tel un puzzle tridimensionnel, le tout s’intègre parfaitement. Même si le puzzle ne fut pas aisé pour les appartements. L’arrière et le côté ouest de la parcelle offrent une magnifique vue sur le jardin du béguinage. La façade avant est orientée à l’est. Les architectes ont tenu à ce que ces deux éléments importants de l’environnement se retrouvent dans chacun des cinq logements sociaux. En jouant sur différents niveaux et les terrasses extérieures, ils ont réussi à relever ce défi. Les 5 unités d’habitation  se fondent véritablement les unes dans les autres.

 

Façade voilée

 

Malgré les beaux espaces ouverts et les circulations intelligentes, le rôle principal a été dévolu à la façade avant. L’image de la rue se caractérise par des maisons de maître bruxelloises typiques et l’école communale de l’architecte Henri Jacobs, où la verticalité prédomine. Dans un souci d’intégration à l’ensemble, cette structure est rappelée dans la Maison des Femmes au moyen d’éléments en béton architectonique. Les architectes basent souvent leurs projets sur un certain rythme. Ce projet est empreint de la même philosophie. Le choix du béton architectonique était évident : seul ce matériau confère la finesse nécessaire pour souligner la verticalité de la façade avant. Pour la couleur des éléments en béton architectonique, fabriqués par BWK Sierbeton NV de Kruibeke, l’équipe d’architectes a opté pour le gris. Cette couleur donne un aspect naturel et s’illumine joliment sous l’effet du soleil. l ‘AM ZED/GIGOGNE architecten  ont déjà collaboré avec ce fabricant, notamment pour un complexe de lofts à Molenbeek-Saint-Jean.

 

En alternant les éléments verticaux en béton préfabriqué avec des surfaces ouvertes situées en dessous, les passants voient juste ce qu’il faut et les femmes présentes (ainsi que les hommes, car ils sont aussi admis à la Maison des Femmes) gardent le contact avec la rue Josaphat. Nous pourrions comparer la façade à un voile, grâce auquel vous restez maître de ce que vous laissez voir. La Maison des Femmes se voulait avant tout un endroit intime où des femmes, de tous âges, origines et milieux sociaux, peuvent se rencontrer. Mais surtout aussi un endroit où leur avis compte et où elles sont écoutées.